Une définition, puis une critique.
Certaines communautés d'utilisateurs érigent des règles de partage, dont le ratio est la plus commune.
Le ratio est une façon de pénaliser un membre du réseau pour ne pas avoir assez émis (uploadé) de données sur le réseau. En effet pour pouvoir prendre, il faut donner, et un réseau ne fonctionnera pas si personne ne donne. Le ratio est donc une façon de s'assurer que seuls ceux qui auront suffisamment contribué au réseau auront le droit de télécharger.
Pour cela, la quantité de données échangées par chacun est comptabilisée. Le ratio est alors le résultat de la division : «quantité d'octets émis» par «quantité d'octets reçus».
Exemple sur l'ancien T411 :
Pour avoir un haut ratio, il vous faut donc émettre des données plus que vous n'en recevez. La façon la plus évidente de le faire est de laisser ses fichiers en partage.
Pour compenser le faible débit d'upload de certaines offres de FAIs, certaines personnes ont recours à des seedboxes, dont le principe consiste à faire tourner en permanence un client BitTorrent sur une machine située dans un réseau très haut débit.
Quelques points déjà abordés dans: seedbox
Derrière l'idée de ratio, il y a l'idée que le téléchargement a un coût, dû au fait qu'un téléchargement monopolise le débit montant d'une connexion internet.
Empêcher les freeloaders/sangsues ?
Le ratio est censé créer un attrait pour le maintien du partage des fichiers, par une logique punitive: si tu n'as pas envoyé assez, alors on te prive de téléchargement. Il alerte l'individu sur le problème que créérait le manque de partage, et sa responsabilité, mais l'individu serait également alerté lorsque confronté au problème. On cause un tort artificiel pour ne pas avoir à subir le tort réel.
Le ratio, c'est aussi une satisfaction par l'accumulation, une fierté, «c'est moi qu'ait la plus grosse». Soit des notions qui n'ont rien a voir avec le partage et la culture.
Pour obtenir la tranquillité de télécharger, on doit au préalable faire des choix de téléchargements sur lesquels nous seront gagnants. On ne partage plus ce qui est utile (par exemple : ce qui est rare sur le réseau) ni ce qu'on aime, mais «ce qui rapporte».
Le ratio nous incite à partager les fichiers là où ce ratio est imposé, parfois au détriment d'autres lieus d'échange non soumis au ratio: nous préferons partager là où ça nous rapporte quelque chose (où du moins, là où ça maintient notre droit de télécharger). Vous partagiez sans compter et sans rien demander en retour ? Et bien, dorénavant vous n'allez plus le faire, pour essayer de partager uniquement là où vos performances seront mesurées et valorisées. Bien sûr, vous pouvez essayer de continuer à alimenter les 2 réseaux (celui soumis à ratio et celui qui ne l'est pas), Mais votre capacité d'upload est précieuse, et tel le boursicoteur vous serez certainement tentés de faire un placement.
Le ratio implique une structure dans les rapports entre les pairs, qui n'est pas pyramidale mais presque, c'est à dire que les pairs situés en bas de chaîne (les derniers arrivants) sont pénalisés. Lorque l'intérêt pour un torrent décroit, les dernières personnes à avoir téléchargé le torrent auront plus de difficulté à trouver de nouveaux intéressés, et donc à émettre les données qui leur permettraient de monter leur ratio. Cela dit, vous pouvez renverser le sens de cette pyramide si vous devenez vous-mêmes fournisseur de contenu. Le ratio récompense donc les requins habitués, au détriment de ceux et celles qui préferent prendre leur temps.
Difficile dans le fond à dire si l'imposition d'un ratio a une vraie incidence positive sur la disponibilité des fichiers sur le réseau. L'expérience montre en fait que les systèmes à base de ratio, ou sans, parviennent à fournir les fichiers proposés en quantité suffisante, tant qu'il y a une demande pour ces fichiers. Du fait que le ratio induit que les comportements sont uniquement là répondre à la contrainte et non plus aux besoins et envies réelles, il nous apparaît néfaste pour le réseau. Il faut alors espérer qu'un système sans ratio fasse de nous des téléchargeu(rs/ses) responsables, dont le comportement de partage n'est pas régit par la contrainte mais mu par l'intérêt général1).