Précisons d'abord : cette page traite du réseau BitTorrent dans sa globalité. Il existe en effet aussi un client spécifique de ce réseau, qui s'appelle aussi BitTorrent, mais que vous n'êtes pas obligé d'utiliser si vous souhaitez profiter du réseau BitTorrent. Généralement quand on dit “BitTorrent”, on se réfère au réseau, et pas au logiciel BitTorrent spécifiquement.
BitTorrent est aujourd'hui sans doute l'un des réseaux P2P les plus populaires en France, mais aussi dans les autres parties du globe. Son utilisation est en légère rupture avec les P2P qui l'ont précédé, car le réseau en tant que tel ne s'occupe pas de la recherche de fichiers entre les pairs, mais uniquement de la distribution des données. De ce fait, pour couvrir le même type d'usage que les P2P tels que Napster ou eMule, BitTorrent a besoin d'une solution complémentaire. Cette solution complémentaire, ce sont les sites de liens Torrent, qu'on appelle aussi des «annuaires» ou des «indexeurs», qui servent aussi de moteurs de recherche pour trouver le contenu qui nous intéresse. L'inconvénient de cette solution en deux morceaux, c'est que la partie «site web» est centralisée. En comparaison avec eMule, la recherche de fichiers, et le téléchargement, s'effectuaient au sein d'un même logiciel, les deux fonctions fonctionnant de façon décentralisée. La raison du «Pourquoi est-ce BitTorrent qui a triomphé sur eMule et pas l'inverse» malgré ce qui semblait être un bond en arrière en terme de simplicité d'utilisation n'a pas de réponse évidente.
Pour initier un téléchargement avec BitTorrent, vous devrez d'abord récupérer un fichier .torrent
. Ces fichiers sont très petits car ils ne contiennent pas l'oeuvre elle-même (la video ou la musique…), mais des informations utiles à votre logiciel pour initier les téléchargements. L'information la plus importante contenue dans ce fichier torrent, c'est l'info hash, ainsi que les adresses de trackers (on expliquera plus loin ce dont il s'agit). Ce mode de distribution de fichiers .torrent via les sites annuaires a donc été la norme pendant plusieurs années. Au fil du temps cependant, certains sites de liens ont adopté un autre modèle, et proposent des liens magnet://. Les liens magnet jouent exactement le même rôle que les fichiers .torrent, il s'agit juste d'un format différent. Ce choix était d'abord motivé pour des raisons juridiques : un magnet n'est qu'une suite de caractères calculée d'après un fichier, le hash, qu'il est difficile de qualifier de «lien». Or typiquement les droits d'auteurs appliqués au web se servent de la notion de lien pour qualifier un acte de contrefaçon. Certains sites comme l'emblématique The Pirate Bay a donc basculé vers un usage exlusif de liens magnet, comme une façon de prouver son innocence : que peut-on reprocher à un site qui ne fait qu'associer un nom (qu'il s'agisse d'un film, un logiciel ou autre chose) à une bête suite de 40 caractères issus d'un calcul ?
Dans la pratique, les liens magnet, ou les fichiers .torrent remplissent le même objectif : les informations contenues servent à ordonner le téléchargement de un ou plusieurs fichiers. Il s'agit là en revanche d'une avancée par rapport à eMule1), qui à l'origine n'associait à un hash qu'un seul fichier. Cela permet par exemple de télécharger simplement des séries complètes plutôt que de devoir télécharger les épisodes individuellement.
Si vous souhaitez tester le téléchargement d'un torrent, le site archive.org regorge d'oeuvres partagées via BitTorrent, par exemple le film d'animation Sintel : fichier torrent.
On l'a dit en introduction, lorsque l'on parle de BitTorrent, cela désigne généralement tout un écosystème de logiciels, d'utilisateurs et de sites web, mais ça veut aussi dire qu'il faut en fait distinguer plusieurs choses derrière ce mot.
Ce monde BitTorrent est en fait constitué de plusieurs choses2) :
Pourquoi se compliquer avec ces histoires de terminologie ? Et bien parce qu'il est dans votre intérêt de comprendre que si vous souhaitez utiliser BitTorrent, il n'est pas nécessaire d'utiliser le logiciel BitTorrent. Vous pouvez utiliser l'un des nombreux autres clients capables de se connecter à ce réseau. En gros, vous avez le choix du logiciel, le principe de fonctionnement sera grosso-modo le même et ils seront “compatibles” car parleront le même protocole.
Sans hésiter, on vous recommande deluge. Il tourne à la fois sous Windows et Linux, il s'agit d'un logiciel libre, assez complet en fonctionnalités tout en restant l'un des plus simples d'utilisation.
Mais voilà le tableau, on vous en présente d'autres également…
deluge, on l'a dit, est le meilleur selon nous. Il est configurable (par exemple, il dispose, de base, d'options pour déplacer automatiquement les fichiers terminés), et peut voir ses fonctions étendues par des plugins. Il peut être contrôlé via plusieurs interfaces (GTK, mode console, ou via interface web).
qbittorrent, est pas mal si vous aspirez à un logiciel léger. Sa particularité est qu'il permet d'effectuer des recherches de fichiers directement au sein du logiciel (via des trackers publics). L'intérêt c'est que si vous êtes flemmards, vous pouvez tester des moteurs de recherche différents, et vous faire une rapide idée des résultats proposés par l'un ou l'autre.
transmission, est un logiciel aux apparences minimales (philosophie de “GNOME”). Cela lui porte préjudice car il est peu configurable. Il s'agissait en effet du logiciel fourni par défaut avec l'environnement GNOME, ce qui a contribué à sa popularité. Sa base d'usagers aura eu l'avantage de tirer le logiciel vers le haut techniquement. Des efforts se sont portés sur une WebUI qui, ironiquement, est davantage configurable que le logiciel de base. Ainsi Transmission est parfois utilisé comme alternative à RuTorrent sur les postes type seedbox, car il est plus simple à installer que ce dernier…
rtorrent (et son ami RuTorrent), sont surtout utilisés sur les serveurs Linux. Son auteur, légèrement mégalo, vante le faible usage en ressources de son logiciel. L'intérêt de rtorrent, pour les linuxiens, est qu'il ne nécessite pas de serveur Xorg (ou Wayland) pour tourner. Le logiciel est très orienté “technique” et expose de nombreux paramètres de configuration (paramètres réseau). Son coeur est d'ailleurs exposé et contrôlable par une interface XML-RPC qui a permis à RuTorrent (une WebUI très populaire sur les seedboxes) ou pyroscope d'exister.
µTorrent, souvent recommandé sur d'autres sites, est… à éviter ! Ce logiciel était intéressant les 1ères années où le réseau BitTorrent s'est fait connaître, car il offrait un bon compromis entre légereté et fonctions. Hélas sa popularité sous Windows a au final entraîné sa chute : il devenait intéressant pour ses auteurs de le monétiser. Le logiciel a été vendu à BitTorrent Inc., embarque de la publicité, et renvoie l'usager vers des offres commerciales. Tandis que sur le plan technique, il stagne.
vuze (ex-Azureus), cité par nostalgie, a suivi depuis le départ une voie de développement assez naïve et fourre-tout. Bien qu'il ait eu du succès, son manque de cohérence/pertinence est peut-être l'une des raisons expliquant pourquoi son développement a cessé.
frostwire, est à l'origine un «fork» de Limewire, écrit en Java. Frostwire est un logiciel dont la philosophie a évolué au cours des années, souvent en recherche d'un public de niche (exemple: les utilisateurs de Mac OS). Ses expériences ont bien souvent raté, et le fait qu'il soit écrit en JAVA lui confère une lourdeur qui le rendent généralement inadéquat.
On pourrait en lister d'autres dans ce petit panorama, mais les principaux sont là… Notre menu de gauche, ou notre page Liste de logiciels BitTorrent, vous mèneront à d'autres clients BitTorrent si vous souhaitez en découvrir d'autres.
Nous avons écrit un dossier qui explique comment on peut télécharger sur BitTorrent : Guide BitTorrent pour débutant(e)s.
Voyez les liens en bas de page pour d'autres infos.
Ci-dessous, un schéma qui décrit la façon d'utiliser BitTorrent.
Description du schéma:
Comme pour tous les P2P, il vous est conseillé d'ouvrir les ports de vos firewalls, et recommandé de régler votre routeur/box si vous en avez un. Voir cette documentation. Vos téléchargements (upload, comme download), s'en sentiront mieux.
L'échange de données entre les pairs est régi par un certain nombre de règles, voir cet article qui en explique les grandes lignes : principes de fonctionnement du protocole BitTorrent.
Les grandes lignes, c'est que le protocole va faire en sorte de privilégier la rareté, et le cas échéant recourir à l'aléatoire pour décider de quelle partie du fichier il va distribuer.
On ne détaillera pas, mais une autre composante est que le protocole récompense les pairs qui émettent des données en leur permettant de recevoir des morceaux du fichier plus fréquemment.
Notons que l'un des intérêts à avoir un bon upload sur un torrent, c'est que ce que vous fournissez en données pour le réseau, ce ne sera pas à quelqu'un d'autre de le faire. Vous permettez ainsi aux autres membres de la grappe qui ont un faible dépit d'upload de s'économiser, et de vous fournir *vous* sans avoir à fournir ceux que vous avez déjà fournis.
Les grappes sont constituées par l'ensemble des seeders et leechers intéressés par un même contenu (identifié par son info_hash). Les échanges de données se font donc au sein d'une même grappe.
Par rapport à d'autres réseaux pair-à-pair qui donnent une visibilité sur le réseau et ses usagers dans leur ensemble, le fonctionnement par «grappes» entraîne un certain cloisonnement. Lorsqu'on télécharge un torrent, on peut connaître qui d'autre télécharge/partage ce même torrent, par contre on ne peut rien connaître des utilisateurs qui ne sont pas sur la même grappe, et on ne peut pas non plus connaître quels sont les autres contenus partagés par les utilisateurs présents dans la même grappe que nous. Le protocole BitTorrent n'a donc pas vocation à être communautaire.
L'objectif initial de Bittorrent annoncé par son créateur (Bram Cohen) n'était en fait pas tant de rassembler une communauté d'échange de fichiers copyrightés, mais de proposer à des personnes qui disposent de sites web de distribuer leurs fichiers de grande taille en utilisant une technologie P2P. En conséquence d'une part, ce sont ses usages légaux qui sont mis en avant, ce qui signifie aussi que la technologie n'a pas été conçue pour garantir une confidentialité, tout comme de nombreux P2P finalement. D'autre part, cela rend le système dépendant de sites webs classiques que l'on peut en général associer à une personne physique réelle. Cela rend le système sensible aux poursuites judiciaires qui peuvent faire fermer ces sites.
L'anonymat reste un sujet compliqué, on peut en retenir 2 choses :
Pour ce qui est de la légalité de l'activité d'échange de données en elle-même, la réponse est commune pour tous les systèmes pair-à-pair, nous y répondons ici : Le Peer-To-Peer est-il légal ?
Selon le sérieux du site qui met les Torrents à disposition, les fakes seront triés et retirés, à vous de voir alors si vous faites confiance aux gérants du site web qui met les torrents à disposition. En outre, certains de ces sites web sont à accès restreints, on parle de trackers privés. Vous devrez disposer d'un compte auquel sera associé votre ratio de téléchargement. Selon leurs éxigences, si ce ratio est trop faible, certains de ces sites bloqueront les téléchargements, tout en vous permettant d'uploader pour regagner un ratio correct.
Vous trouverez une liste de sites de liens BitTorrent au sein de notre annuaire.
Quelques évolutions récentes de la technologie sont illustrées dans certains “labs” de BitTorrent Inc.
On observe également que plusieurs sites de liens BitTorrent proposent des applets pour télécharger sans recourir à l'installation d'un client. Parfois il s'agit d'un plugin navigateur, parfois ces programmes font appel aux technologies modernes implémentées dans les navigateurs (javascript, websockets…).
D'autres expérimentations cherchent à rendre possible le streaming direct de videos par P2P, c'est le cas de Popcorn-Time, BitTorrent Live (soumis à des brevets) et de Tribler ou Peersm.
En 2018, BitTorrent Inc. a été racheté par une startup nommée TRON, qui travaille sur les cryptomonnaies. En 2019, les versions de Utorrent et BitTorrent devraient intégrer un système de paiement basé sur une cryptomonnaie, dont le but serait de récompenser les pairs partageant des données, et de permettre d'avoir des téléchargements plus rapides en payant les autres pairs via cette monnaie. Voir cet article TorrentFreak.
Le réseau BitTorrent contient une abondance de fichiers en tous genres, et nous vous le recommandons, en particulier si vous êtes en quête de fichiers récents et volumineux, tels films et logiciels.
réseau:bittorrent type:réseau-p2p licence:libre